Nous sommes loin déjà
J'arrive à peine à voir plus loin que le bout d'mon nez
J'ai d'la buée plein la tête
Mes oreilles sifflent d'la vapeur comme une vieille bouilloire percée
Besoin d'essuie-glace pour mes yeux perlés de rosée
Besoin d'une place pour couler la pointe de mon glacier
Un tout, un rien, un presque, un combien
Je frissonne, je m'étonne, me surprend à voler
Je dissone, je détonne, je m'étends en pensées
Mon plexus solaire sur une aile d'avion
J'm'envoie en l'air, suce l'excitation
Assoupie comme un grain d'sable au creux de ta main
Accroupie en croissant de lune sur tes demi-tons
J'expire, je fabule, j'invente, je m'extirpe..
Du ventre des sentiments humains
Au sein de vents incertains
Soufflera, sifflera, bouillira
Ma terre se déchirera
Dans mon exil à l'envers, ma forclusion forcée
Mes comédies diurnes, l'apodicticité nocturne
Silera, sonnera, cornera
Le sol s'enfuira
Ne restera que toi, toi, toi
Hurlera, mugira, rugira
& Mon coeur fondra..
Comme une tragédienne,
J’élèverai mon amour au-dessus des eaux
Il n’y aura que toi, toi, toi et moi
Dans la turpitude de l’anesthésie générale d’une société indolente
Nous mettrons au monde nos délires poétiques ataraxiques
Soufflerons sur l’obscurantisme et toutes les myopies
Aussi longtemps qu’il nous sera possible de dire, avec ingénuité
Aussi longtemps qu’il nous sera possible de lire, sans impéritie
N.